Vinsnews 42

1 avril 2013

Depuis quelques temps déjà, nous vous recevons tous les jeudis de 17 à 19 heures à la vinothèque de Saint-Saphorin. Toute l’équipe des Fous du Roi vous propose de nous transmettre votre adresse e-mail afin de vous envoyer le programme des dégustations qui y seront organisées. La notre étant : info@lesfousduroi.ch

Vous la trouverez aussi sur notre site internet :

www.lesfousduroi.ch

Une sélection d’un vigneron d’ici ou d’ailleurs vous sera présentée avec les commentaires éclairés de nos œnologues. Ce lieu est également devenu une ambassade pour quelques uns de nos amis, très proche de nos activités et qui pourrons recevoir leurs amis à leurs convenances. Ce lieu magique est prêt pour votre visite et pour vous recevoir de la meilleure façon possible, une annonce de votre présence est souhaitée.

Deux autres lieux à Lavaux sont aussi là pour vous, le Pressoir de Nicolas Pittet au Château de Montagny à Aran/Villette et sa cave du Chemin de Praz à Savuit/Lutry.


Quatre heure !

1 avril 2013


Lausanne c’est…

1 avril 2013

Improbable… Ainsi aurait-on pu qualifier la rencontre entre un vigneron vaudois ne parlant pas la langue de Shakespeare et une journaliste anglaise du National Géographic… Et pourtant ! Arpentant les rues de la capitale à la recherche des visages qui composeraient la riche palette de son futur ouvrage sur la « Lausanne d’aujourd’hui », elle apostropha avec un certain étonnement l’ouvrier occupé à bichonner les souches de la vigne située sous l’Hôtel Lausanne-Palace, une des seules plantées en ville. Elle décida d’en faire le portrait, authentique et bien ressenti, et l’imprima aux côtés d’une soixantaine d’autres, touchants et multiples, qui composent « Rue Centrale », édité à l’Age d’Homme. Lausanne a changé, elle est désormais habitée par une population cosmopolite, jeune et moins jeune, aux accents d’ici et d’ailleurs. Mais Laura Spinney a su inspirer confiance à des interlocuteurs qui se sont livrés avec sincérité au travers de récits où l’humour n’est jamais très loin. C’est la vie, toute la vie qu’on peut lire dans cet ouvrage que je vous recommande vivement… Et pas seulement pour le vigneron !

Sylvie Pittet


Le Verre

1 avril 2013

Oh Là ! Mon ami, Viens ! Lui dit-il en faisant un geste de la main. Viens vers moi, on va s’assoir, là, à la table !

-Adieu, salut ! , Je suis essoufflé ! Je suis allé vers Véronique, ma sœur, lui conter quelques versets en vers du poète. Elle a du mal à lire ces temps-ci, elle a brisé ses lunettes en verres, alors…tu vois.

-Verse, cause pas… !

-Cling ! Les verres sonnent comme… deux verres qui s’entrechoquent.

On regarde le vin à travers nos verres et déjà l’imagination se met en marche, les rêves sont là.

-Santé ! Ah qu’il est beau ! Lumineux, clair, transparent, avec ces quelques défauts, la vigne et les montagnes qui se dessinent au travers, nous donnent le sentiment que notre vision se trouble…

-Tu parles de qui ? De mon vin ?

-Non, regarde, je te parle du verre… Tu ne t’es donc jamais posé la question du verre ? Comment est-il né ? Comment il est gravé, comment il est dessiné, façonné, étudié pour que l’on ait du plaisir à le regarder et à sentir le vin que l’on découvre ! Fascinant le verre ! Le vin est bon aussi parce qu’on le partage à travers un verre. Grâce au verre, on découvre le vin, sa couleur, son onctuosité, son parfum, son gout, son histoire. Sublime sculpture translucide, le verre. Te rends-tu compte que c’est en soufflant du sable et des ingrédients se trouvant dans la terre, le tout chauffé à quelque centaine de degrés que l’on obtient du verre. Extraordinaire alchimie ! Comme le vin, le verre sort de la terre. Et le plus fascinant encore, ce sont les œuvres de ces peintres, hollandais notamment, qui réussir à peindre la transparence du verre avec de la matière. Inouïs ! Fabuleux, sublimissime ! Travaillant à l’époque sans lumière artificielle, uniquement à la lumière du jour. Celle-ci, traversant une fenêtre… en verre… jeux de reflets infinis !

Mon ami, ton vin est-il bon ? Je ne sais pas encore ! Mais j’en suis convaincu ! Alors, je me lève à ta santé, et à celle de ceux que l’on aime. Alors le bras dressé au ciel, la main garnie d’un hanap des Fous Du Roi, mon gosier se réjouit déjà de sentir descendre le grandissime Lausannois, Le Bout de Savuit, ou autres Place Rouge, Grain de Folie ou Agape. Lève aussi ton verre mon Ami, et n’oublions pas que le verre a donné au vin de la noblesse puisque sans lui, on devrait boire à même la bouteille… Cling !

Nicolas Pittet


Mieux vaut être seul…

1 avril 2013

Ceux qui connaissent Nicolas Pittet savent qu’il aime bien être seul dans sa vigne ou dans sa cave, à faire ses petites affaires sans que personne ne l’ennuie. Etonnant, non, d’un garçon qui sait se montrer si convivial, qui sait recevoir comme personne, que ce soit dans sa cave ou au à l’open air d’Aran. Etonnant, mais pas rare. L’autre jour, j’interrogeais Pierre-Luc Leyvraz, un des quatre Suisses distingués par le sbire de Robert Parker. Lui aussi m’avouait son plaisir à travailler un petit domaine, seul ou presque, son besoin de tailler lui-même ses vignes pour en sentir la forme et savoir comment serait l’année. Ses soirées dans sa cave à écouter ses cuves macérer pendant des semaines. Pourtant, dès qu’il a un auditoire, le garçon parle, parle, parle encore, tout heureux de voir du monde. Solitaire et convivial.

C’était la même chose chez Patrick Riesen, dans son Pointu de Grandvaux qu’il a malheureusement fermé. Seul dans sa cuisine grande ouverte sur la salle. Pas d’ennuis de personnel derrière les fourneaux, il gérait tout. Mais une ouverture sur les autres avec lesquels il adorait discuter.

L’autre jour, arrêt au Mont-Blanc, à Lonay, pour y manger la cuisine de David Grappe, un Jurassien (français) installé là depuis sept ans. Lui aussi m’avouait son plaisir à diriger ce petit restaurant de poche où avait sévi Guillaume Trouillot. Grappe, lui, sans folie des grandeurs, disait avoir cherché un petit local comme cela. «J’ai été formé pour être cuisinier mais pas pour avoir du personnel.» Et c’est vrai que cuisiner, il le fait divinement bien, tout seul, facile, décontracté. En salle, il y a sa femme, à midi, pour servir les menus du jour qui défilent sur les 30 places du resto. Et un seul maître d’hôtel, brillant, charmant, rapide et efficace. Deux et demi, quoi, pour vous faire passer un joli moment de bonheur. Parce que David Grappe est aussi convivial, il aime bien passer en salle à l’apéro, discuter avec ses clients, leur proposer des plats qui ne sont pas à la carte ou écouter leurs envies. Comme si ses clients, dans le fond, étaient juste ses convives. Comme s’il recevait chez lui, avec plaisir. Comme si, débarrassé de la lourdeur d’une équipe, on en revenait à l’essentiel, au contact simple entre deux personnes qui donne de si bons moments.

A la Maison d’Igor, à Morges (photo), c’est la même chose. Deux femmes qui décident de créer une maison d’hôtes dans la demeure d’Igor Stravinski avec autant de passion que de goût pour la décoration. Et comme elles ont quelques tables, elles cherchent quelqu’un qui puisse y faire restaurant. Elles rencontrent les Abegg, ceux qui avaient l’Esquisse, à l’Ermitage de Lausanne. Ils délèguent un chef, créent une petite carte, et on retrouve cette joie simple d’une cuisine sans chichi servie par un unique maître d’hôtel, comme chez des amis. Une carte courte et moderne. Des prix sympas. Et le goût de la réception.

Le fait de travailler en petit comité permet aussi celui de rencontrer plein de monde à qui on aime faire plaisir.

David Moginier