Le Lausannois

Les cépages ont des noms de famille parfois étonnants et j’en sais de cocasses qui les habillent à merveille, des noms bien français. Des vrais comme Pinot blanc, Pinot gris et Pinot noir, Gamay, Gamaret , Garanoir,  Syrah, Merlot et Cabernet. Chardonnay, Petit Rhin, Sylvaner, Traminer  et Gewürztraminer. Païen, Haïda, Rèze, Arvine, Amigne et Humagne blanc. Humagne rouge, Grenache, Tanna et César noir. Galotta, Garanoir, Carminoir, Cornalin et Viognier. Charmont, Aligoté, Marsanne et Muscat. Sauvignon blanc, Ancellota, Bondola, Cornalin, Diolinoir. Le Durize Ouriou, le Mayolet, le Roussin de Morgex et le Vuillermin. Le Vien de nus, le Crovassa, l’Eyholzer, le Fumin, le Goron de Bovernier, l’Himbertscha, le Lafnetscha, le Ner d’Ala, le Petit-Rouge, le Planscher, le Premetta, le Prié blanc. Mais il y en a un, qui a un nom bien connu de « par chez nous », un de ces cépages, qui est vaudois cent pour cent, du moins le croit-on. Un nom ? Que dis-je… un titre, une culture, une âme, un art de vivre, une philosophie, une raison d’exister, un roi… Ce cépage, vaudois peut-être, a bien entendu une « épéclée » de sobriquets .On l’eut appelé donc, Plant Blanchette, ou Plant de La Vaux, Rougeasse, Blanc de Launay, Fendant de Morges ou même Fendant de France à grosses grappes. Une honte ! On l’appelait aussi Plant Coley, Cendré, et pour faire un peu royaliste, on l’a même nommé …. De Fontainebleau. Même que quelques pays voisins comme le Valais, Neuchâtel, Zürich, Genève, la Savoie, et la Sarkosie ont voulu nous le prendre et se l’approprier, ce nom. Nom de nom ! Alors nous, Vaudois, on l’a appelé « Lausannois » ! Imaginez qu’on ait pu le nommer Lausannois ou Luzannois en 1612 déjà ! Le Chasselas, notre Chasselas à nous !  On trouve des écrits dans une étude très précise de Monsieur Vouillamoz, chercheur à l’Université de Neuchâtel, qui nous explique toute l’origine du Chasselas. Et il est passionnant de découvrir l’origine de ce cépage magique. On découvre par exemple qu’en Valais, le Chasselas n’est arrivé qu’en 1848, sous le nom de Fendant Blanc. Ce nom est resté et en terre vaudoise, le Lausannois est devenu Chasselas. A quand un cépage « Brélaz », me direz-vous ?!?… Lequel, ma foi, rime déjà avec Chasselas… ‘Reusement que ce cépage ne se termine pas par Jaggi, c’aurait rimé avec « gaggi »… Santé à vous, amis Vaudois, et belle et bonne visite de notre millésime 2009 !