VINSNEWS

Quel vigneron proposant son chasselas 2012, de belle maturité, n’a pas entendu un client lui répondre : «C’est parce que vous n’avez pas liquidé vos stocks que vous me proposez encore ce vieux vin?» Alors, répétons en chœur à ces ignares, à ces excités de la cuisse tendre, à ces fascinés de la puérilité: «Le chasselas, c’est comme les hommes, ça gagne en complexité avec l’âge.» Bien sûr, celui qui vous parle n’est plus un gamin et prêche un peu pour sa paroisse, mais il en est convaincu. Et il n’est pas le seul.

Je me rappelle une visite organisée par l’OVV pour quelques sommeliers français de grands restaurants. Dans chaque cave, on leur avait montré ce qu’on faisait de mieux, ce beau gamaret, ce fin gamay, ce chardonnay de derrière les fagots. Mais, après deux jours de dégustation, interrogés sur ce qu’ils avaient découvert, ces professionnels avaient tous la larme à l’œil en évoquant le souvenir de cette verticale de chasselas qu’on leur avait proposée, en remontant jusqu’à 1976. «On ne savait pas qu’en vieillissant, le chasselas donnait d’aussi grands vins, à l’égal de grands Condrieu par exemple», avaient-ils avoué avec honnêteté.

Plongez dans le livre de Jérôme Aké Béda, «Les 99 chasselas à boire avant de mourir», et vous y trouverez une ode à quelques vieux millésimes. Personnellement, j’espère encore pouvoir boire plus que 99 chasselas avant ma fin. Et il ne faut pas forcément tous les laisser attendre 50 ans en cave avant de se décider à les ouvrir. Mais qui a déjà tenté l’expérience de patienter quelques années saura combien le vin gagne en complexité, combien son terroir se dévoile plus encore. Avec ses rides, il gagne en caractère et en personnalité, avec son expérience, il raconte de plus belles histoires. S’ouvre tout un paysage d’arômes pas forcément faciles, qui se donnent avec moins d’innocence, mais qui sont diablement plus intéressants.

Bien sûr, le petit jeu peut s’avérer risqué. Comme chacun d’entre nous, le chasselas peut ne pas avoir résisté au poids des années. Un accident peut avoir marqué sa personnalité à jamais. Une naissance trafiquée peut avoir de graves conséquences avec l’âge. Car le temps, s’il amplifie les qualités, exacerbe aussi les défauts. Mais cela ajoute encore au plaisir : avoir joué, avoir osé, avoir espéré, avoir cru dans cet enfant et voir qu’il est devenu un si bel adulte nous apporte beaucoup de fierté.

Ils sont quelques-uns à Lavaux à promouvoir ces vieux millésimes, à en garder en cave suffisamment pour pouvoir en proposer à la vente, et c’est tant mieux.

A Lavaux Passion, ce nouvel événement à la gloire de la région bénie, Nicolas Pittet propose lui aussi aux béotiens de déguster de vieux vins.

Dave

Une fois n’est pas coutume, je vais vous présenter deux lieux loin de chez nous, que vous pourrez mettre dans vos listes de visite lors de vos prochaines vacances. Si le second n’est pas trop loin, le premier nous emmène à l’autre bout de la planète. Notre ami Renato ancien habitant de Lausanne a ouvert cette année son restaurant à Sydney en Australie. D’abord une crêperie, ce lieu est devenu un restaurant plus complet avec des mets issus aussi d’Amérique du sud puisque il est originaire du Brésil. Depuis peu, il propose notre Chasselas de Lavaux avec des giroles de Tête de Moine ou d’autres plats typiquement suisse. La ligne graphique a été réalisée par Nathalie Rais graphiste bien connue de nos lecteurs assidus.

Le Trèfle Café se situe à Shop 6, 35 Tramore Place

Killarney Heights NSW 2087

Et vous pouvez suivre ses aventures sur son blog : http://letrefle.com.au/blog/

Le second, nous l’avons découvert lors de notre passage cet été à Copenhague. Une belle terrasse sur les quais du canal Nyhaven, une entrée accueillante, un mobilier vintage et dépareillé, cette vinothèque a tout pour plaire. Pas vraiment de carte des vins, mais un patron fort sympathique avec qui nous avons découvert quelques vins européens hors des sentiers battus. Nous avons passé un moment fort agréable avec Maurice, œnologue anglais de ces lieux qui travaille aussi pour le célèbre restaurant Noma.

Ved Stranden 10 Vinhandel og Bar

Ved Stranden 10 1061 København

Trois vins de trois producteurs différents ont été sélectionnés pour la série de l’automne de notre abonnement « Découverte ». Tous d’Italie, le premier est un Barbera d’Asti de Saiagricola. Ce Baiocchi 2012 est un nouveau vin de leur gamme. Un vin jeune et fruité, au palais tendre et complet un très beau Barbera du Piémont. Le second est aussi un nouveau vin de la Casale Marchese. Le Rosso Eminenza 2013 est issu de Merlot, de Cabernet Sauvignon, de Cesanese et de Montepuciano. Toutes de jeunes vignes qui donnent un vin fruité avec un intense bouquet de cerise de fraise et de prune qui s’enrichit en évoluant de notes épicées de réglisse et de café. Un vin enveloppant et souple avec des tannins précis et équilibrés. Le troisième est un vin déjà connu : Le Vino di Giò 2010. Il est issu d’une belle collaboration entre la famille Cantoni de la Fattoria Fibbiano et Les Fous du Roi. Cette sélection de Sangiovese vinifiée en barrique de mélèze donne un vin puissant aux notes de pruneau, de tabac et de cuir avec en bouche une structure complexe et riche sur une belle matière et un final au tannins marqués.