Archive pour avril 2013

Le Verre

lundi 1 avril 2013

Oh Là ! Mon ami, Viens ! Lui dit-il en faisant un geste de la main. Viens vers moi, on va s’assoir, là, à la table !

-Adieu, salut ! , Je suis essoufflé ! Je suis allé vers Véronique, ma sœur, lui conter quelques versets en vers du poète. Elle a du mal à lire ces temps-ci, elle a brisé ses lunettes en verres, alors…tu vois.

-Verse, cause pas… !

-Cling ! Les verres sonnent comme… deux verres qui s’entrechoquent.

On regarde le vin à travers nos verres et déjà l’imagination se met en marche, les rêves sont là.

-Santé ! Ah qu’il est beau ! Lumineux, clair, transparent, avec ces quelques défauts, la vigne et les montagnes qui se dessinent au travers, nous donnent le sentiment que notre vision se trouble…

-Tu parles de qui ? De mon vin ?

-Non, regarde, je te parle du verre… Tu ne t’es donc jamais posé la question du verre ? Comment est-il né ? Comment il est gravé, comment il est dessiné, façonné, étudié pour que l’on ait du plaisir à le regarder et à sentir le vin que l’on découvre ! Fascinant le verre ! Le vin est bon aussi parce qu’on le partage à travers un verre. Grâce au verre, on découvre le vin, sa couleur, son onctuosité, son parfum, son gout, son histoire. Sublime sculpture translucide, le verre. Te rends-tu compte que c’est en soufflant du sable et des ingrédients se trouvant dans la terre, le tout chauffé à quelque centaine de degrés que l’on obtient du verre. Extraordinaire alchimie ! Comme le vin, le verre sort de la terre. Et le plus fascinant encore, ce sont les œuvres de ces peintres, hollandais notamment, qui réussir à peindre la transparence du verre avec de la matière. Inouïs ! Fabuleux, sublimissime ! Travaillant à l’époque sans lumière artificielle, uniquement à la lumière du jour. Celle-ci, traversant une fenêtre… en verre… jeux de reflets infinis !

Mon ami, ton vin est-il bon ? Je ne sais pas encore ! Mais j’en suis convaincu ! Alors, je me lève à ta santé, et à celle de ceux que l’on aime. Alors le bras dressé au ciel, la main garnie d’un hanap des Fous Du Roi, mon gosier se réjouit déjà de sentir descendre le grandissime Lausannois, Le Bout de Savuit, ou autres Place Rouge, Grain de Folie ou Agape. Lève aussi ton verre mon Ami, et n’oublions pas que le verre a donné au vin de la noblesse puisque sans lui, on devrait boire à même la bouteille… Cling !

Nicolas Pittet


Mieux vaut être seul…

lundi 1 avril 2013

Ceux qui connaissent Nicolas Pittet savent qu’il aime bien être seul dans sa vigne ou dans sa cave, à faire ses petites affaires sans que personne ne l’ennuie. Etonnant, non, d’un garçon qui sait se montrer si convivial, qui sait recevoir comme personne, que ce soit dans sa cave ou au à l’open air d’Aran. Etonnant, mais pas rare. L’autre jour, j’interrogeais Pierre-Luc Leyvraz, un des quatre Suisses distingués par le sbire de Robert Parker. Lui aussi m’avouait son plaisir à travailler un petit domaine, seul ou presque, son besoin de tailler lui-même ses vignes pour en sentir la forme et savoir comment serait l’année. Ses soirées dans sa cave à écouter ses cuves macérer pendant des semaines. Pourtant, dès qu’il a un auditoire, le garçon parle, parle, parle encore, tout heureux de voir du monde. Solitaire et convivial.

C’était la même chose chez Patrick Riesen, dans son Pointu de Grandvaux qu’il a malheureusement fermé. Seul dans sa cuisine grande ouverte sur la salle. Pas d’ennuis de personnel derrière les fourneaux, il gérait tout. Mais une ouverture sur les autres avec lesquels il adorait discuter.

L’autre jour, arrêt au Mont-Blanc, à Lonay, pour y manger la cuisine de David Grappe, un Jurassien (français) installé là depuis sept ans. Lui aussi m’avouait son plaisir à diriger ce petit restaurant de poche où avait sévi Guillaume Trouillot. Grappe, lui, sans folie des grandeurs, disait avoir cherché un petit local comme cela. «J’ai été formé pour être cuisinier mais pas pour avoir du personnel.» Et c’est vrai que cuisiner, il le fait divinement bien, tout seul, facile, décontracté. En salle, il y a sa femme, à midi, pour servir les menus du jour qui défilent sur les 30 places du resto. Et un seul maître d’hôtel, brillant, charmant, rapide et efficace. Deux et demi, quoi, pour vous faire passer un joli moment de bonheur. Parce que David Grappe est aussi convivial, il aime bien passer en salle à l’apéro, discuter avec ses clients, leur proposer des plats qui ne sont pas à la carte ou écouter leurs envies. Comme si ses clients, dans le fond, étaient juste ses convives. Comme s’il recevait chez lui, avec plaisir. Comme si, débarrassé de la lourdeur d’une équipe, on en revenait à l’essentiel, au contact simple entre deux personnes qui donne de si bons moments.

A la Maison d’Igor, à Morges (photo), c’est la même chose. Deux femmes qui décident de créer une maison d’hôtes dans la demeure d’Igor Stravinski avec autant de passion que de goût pour la décoration. Et comme elles ont quelques tables, elles cherchent quelqu’un qui puisse y faire restaurant. Elles rencontrent les Abegg, ceux qui avaient l’Esquisse, à l’Ermitage de Lausanne. Ils délèguent un chef, créent une petite carte, et on retrouve cette joie simple d’une cuisine sans chichi servie par un unique maître d’hôtel, comme chez des amis. Une carte courte et moderne. Des prix sympas. Et le goût de la réception.

Le fait de travailler en petit comité permet aussi celui de rencontrer plein de monde à qui on aime faire plaisir.

David Moginier


Giorgio Cecchetto

lundi 1 avril 2013

La plaine de Trévise est traversée par le Piave, un fleuve qui donne son caractère unique, dans tout ce qu’il rencontre sur son chemin, donnant son nom à certains villages de la plaine, comme Tezze di Piave, Mareno di Piave, Santa Lucia di Piave, et aussi au raisin, cultivé uniquement dans la province de Trévise, le Raboso Piave. L’appellation Piave fait partie de ces sols meubles d’alluvions, où la culture de la vigne a toujours eu une place de choix, et qui sont considérés depuis des siècles comme une importante zone de production de la région de Venise. En 1986, Giorgio Cecchetto décide de reprendre la petite entreprise familiale et il cherchera dès lors à faire renaître la notoriété disparue des vins de Piave. L’Azienda Agricola Giorgio Cecchetto produit depuis des vins d’un très haut niveau qualitatif. Une sélection de trois vins rouges a été choisie pour vous faire découvrir cette région étonnante et ce producteur hors norme. Le Carmenère est un ancien cépage en provenance de Bordeaux. Oublié dans sa région d’origine, il a trouvé sa place dans cette plaine de Vénétie. Ce vin est vinifié en cuve de manière traditionnelle. Un nez expressif de groseille et de framboise avec une touche de tabac frais. On retrouve ce fruit en bouche avec une belle longueur et des tannins souples et élégants. Ce vin est à découvrir, servi au verre, au Café Resto Bar le National à Vevey. Le Sante Rosso est un Merlot cultivé sur des parcelles riches en calcaire. Vinifié durant 10 mois en barriques, ce vin exprime une typicité propre à ce cépage aux parfums de prune et de cerise avec une belle intensité en bouche et des tannins harmonieux et persistant. Quant au Raboso, appelé également la « Perle du Piave », il est un pur-sang au caractère extrême avec un cycle végétatif très long. Il est le premier à se réveiller au printemps et le dernier à être récolté. Une robe rubis aux reflets grenat, un nez de violette, de vanille de cuir aux notes sauvages presque musquées, un palais austère en premier suivi d’une belle ouverture sur un fruit riche et puissant et une finale noble aux tannins imposants. Ces trois vins sont à découvrir dans la sélection de l’abonnement « Découverte » des Fous du Roi.