Ne rien dire pour s’exprimer …

… ou s’exprimer pour ne rien dire… sont les deux mamelles du vigneron-scripteur en vacances.

C’était l’été. Le travailleur terrien avait posé ses outils, enfourché sa monture automobile et s’en était allé dans un pays  «imaginaire». Je dis «imaginaire» parce qu’il y avait dans ce pays du soleil. Il était chaud, chaleureux, enivrant, jubilatoire. Dans ce pays, il y avait aussi une multitude d’arbres. Des chênes. Tous plus beaux les uns que les autres, chacun d’eux racontant une histoire. La légère brise qui soufflait nous donnait l’impression que chacune des feuilles laissait échapper des mots. Au milieu de ces chênes, des reflets étonnants attiraient le regard. Des reflets, parfois gris, parfois bleus, parfois vert tendre. Ils laissaient deviner un olivier. Arbre sublime, arbre de paix. Au pied de l’olivier, des chaises en bois occupées par deux étudiantes insouciantes. Concentration «balzacienne» et «stendhalienne». Chabert et Sorel ne sont pas loin. De la culture sous un olivier. Une réussite assurée ? Et la musique dans tout ça ? Elle est présente. Un concerto de cigales et de grillons remplissent nos oreilles. Sublime ! On ne pouvait dès lors pas s’empêcher de penser à cette fourmi qui allait devoir accueillir l’hiver prochain cette cigale chanteuse qui s’était frotté les ailes pour adoucir les jours privilégiés du vigneron en villégiature. Mais enfin… nous ne sommes pas ici pour faire de l’auto-flagellation helvétique. Profitons ! Il y avait, disais-je, du soleil, des chênes, des cigales, de l’olivier, deux chaises estudiantines. Presque le paradis. Le «Pagnol» en herbe écrivait ces lignes sur son «calepeing». Il venait quant à lui de refermer un ouvrage de Lorànt Deutsch qui contait le Paris à travers les stations du métropolitain de la ville. Captivante redécouverte de la ville-lumière, merveilleux guide d’histoire. Je ne veux pas ici faire de la «pivoterie» ni vous apostropher, mais vous qui êtes amoureux de l’histoire et de Paris, lisez ce livre (Métronome, l’histoire de France au rythme du métro parisien, Lorànt Deutsch). Instructif, voyageur et drôle par sa façon de nous conter cette «traversée de Paris». Le livre a remis en mémoire au scribe vigneron (il avait, ma foi, l’esprit quelque peu «chabriesquisé»  puisqu’il venait en effet de déguster une demi-amphore d’un rosé uzèsquien que l’on trouve d’ailleurs dans les rayons des Fous du Rois au prix de quelques sesterces) l’article paru dans le Vin News retraçant l’histoire des noms de famille de Lavaux. On y décrivait l’origine des Porta, venant d’Italie, des Parisod de Paris, et des Bujard, fameux dégustateurs de François Ier (buveurs de jars)… il semblerait d’ailleurs que les Bujard soient plutôt des vendeurs de vulgaires baignoires  ou de vasques en taule que l’on trouve encore dans les brocantes provençales. Bref, cet article traitant des noms de famille nous laissait l’espoir d’une suite. Eh bien la voici :

Les Hug par exemple. Nous n’avons jamais parlé des Hug. Comment sont-ils arrivés ici ? Et d’où viennent-ils ? Et bien, il est facile d’imaginer que les Hug ont des origines indiennes. Celles d’Amérique bien sûr ! Facile mais juste. Hug qui se traduit en langue indienne par «salut». Les Indiens eux-mêmes se saluaient en se disant : ugh ! Cet auguste geste est d’ailleurs aujourd’hui encore utilisé par les Hug. C’est de ce geste de la main qu’un Hug vous salue. Ce qui a fait d’eux des gens fidèles et d’une grande droiture. Un empereur romain a d’ailleurs repris ce salut de la main en clamant «Ave moi» ou «Ave César». Bien plus tard, les Hug ont embarqué sur un canot de sauvetage pour traverser la grande gouille et se retrouver au royaume des Francs. Ils y ont pris origine et ont fait guerre et bataille au service d’un Roi Franc. Guerriers valeureux, spécialistes de l’arbalète, ils donneront des lignées de fins tireurs. On peut encore le vérifier de nos jours. Ils seront par la suite engagés à plusieurs reprises comme lutteurs dans les foires des grandes villes. Ils gagnaient tous les tournois. En l’an 1000, un Hug plus valeureux et plus malin que les autres se fit nommer Roi des Francs ; on le connaîtra sous le nom d’Hugues Capet. Roi courageux et téméraire, il donna tout au long de sa longue vie une ribambelle de descendants. Au XIVème siècle, on découvre dans des écrits l’histoire d’un aventurier navigateur, revenant de San Francisco sur un fameux trois-mâts fin comme un oiseau… Cet aventurier s’appelait Auffray Hug. Bien Plus tard, au début du XXème siècle, un de ses descendants a repris les écrits de ses aventures  et les a mis en chansons. On peut encore l’entendre aujourd’hui, il signe ses œuvres sous le nom d’Hugues Aufray.

Les Hug ont pris leur origine dans le Nord de la Suisse, du côté de Lucerne.  Quelques siècles plus tard, ils s’installèrent dans le pays de Vaud et pour rendre hommage à ces grands et forts travailleurs, la République du Canton de Vaud leur donna en gestion quelques terres viticoles qu’ils travaillent encore. Egalement dans le courant du XXe siècle, un Hug renoua avec ses origines lointaines des royaumes francs en épousant une Damoiselle du Royaume de Sarkozie. La boucle était bouclée.

 Et les Haenni ? Hanni, Henni, ou encore Heanni, d’où viennent-ils ? On n’en sait trop rien. Quelques écrits en font mention au XIIIe siècle déjà. Grands cavaliers, ils ont fait leur réputation sur les champs de bataille de Grande-Bretagne. Jalousés par de nombreux Chevaliers, on disait de ces valeureux cavaliers qu’ils murmuraient à l’oreille des chevaux. C’est de ce fait que semble venir l’origine de leur nom, «Haenni». Ils comprenaient leur monture… Ils étaient de grande stature avec une barbe touffue coiffée d’un turban… rouge, vert ou noir, c’était selon. Il fallait être vu et aimé.

Plus tard, au vu de leur courage et de leur vaillance au combat, leur Roi, qui avait remarqué leur faits d’armes, et pour qui ils guerroillaient, ordonna aux autres chevaliers de suivre l’exemple de ces grands guerriers. Le Roi d’alors proclama de son balcon : «Faites comme Henni, faites comme Henni !». Ce roi fut écouté et loin à la ronde on fit comme Haenni… Même jusqu’aux confins du moyen-orient, on fit comme Haenni… Un grand Vizir qui se faisait respecter de ses sujets se fit appeler «Ayatollah».  Le nom de ce grand calife résonne encore aujourd’hui. En effet, L’Ayatollah «Commehaenni» a longtemps fait parler de lui. Malheureusement…

Après bien des siècles et un passage en Suisse allemande, les Haenni se sont établis en terre vaudoise. Ils sont devenus de grands éleveurs de bovins. Certains d’entre eux tentent une pressée en politique régionale, comme conseiller ou comme syndic ou comme syndic conseillé ou conseillé comme syndic… L’avenir nous le dira.

On peut se poser tout de même la question de savoir si toute cette histoire n’est pas à l’origine du fameux proverbe «Henni soit qui mal y pense». Qui aujourd’hui s’écrit naturellement «Honni soit qui mal y pense»…  Une maxime d’origine anglaise qui est la devise du très noble Ordre de la Jarretière. Cet ordre de chevalerie britannique a été fondé par Edouard III au milieu du XVe siècle.

Et vous, chers lecteurs, êtes-vous curieux de vos origines ? Alors, si vous le désirez, envoyez-nous votre nom de famille et notre archiviste retrouvera sûrement votre vraie origine ou une histoire s’y rapportant.