Les vertus de l’humilité

Il n’y a pas de raison que je ne vous assomme pas un peu avec mes récits de vacances. Donc, j’ai eu la chance de parcourir le Radhjasthan dans tous les sens, cet Etat de l’Ouest de l’Inde célèbre pour ses palais de maharadjas, ses forts de guerriers valeureux et ses temples magnifiques.

Une fois en avoir pris plein les mirettes, place au deuxième culte de l’Inde, la nourriture. On mange tout le temps, partout, dans la rue, au travail, dans des échoppes ou des restaurants. Mais on ne mange pas n’importe quoi. Parce qu’on mange les produits de la saison et de la terre. Les Indiens ne sont pas contaminés par les fast foods, n’importent rien de l’étranger et se comportent comme le faisaient nos ancêtres qui avaient les pieds sur (et dans la) terre. Ce n’est pas par philosophie, ce n’est pas parce qu’ils ont adhéré à un Slow Food de bobos qui croient réinventer la roue ou qu’ils militent pour la Semaine du goût une fois par année: tout ça n’existe pas.

Ici, on mange ce qu’on produit, c’est tout. Mais on sait l’apprêter. Et comme les ingrédients de base sont dix fois moins nombreux qu’à la Migros de Lutry, on varie les préparations pour ne pas s’ennuyer. Oublions donc les poissons dans ce pays montagneux ! Le bœuf est donc sacré… Un peu de chèvre et quelques poulets rachitiques donnent moyennement envie. On a donc mangé végétarien, et sans s’ennuyer une seconde. J’ai encore dans la bouche ces choux-fleurs juste épicés et cuits au four tandoori, ces pommes de terre fondantes dans leur ragoût de tomates aux parfums subtils, ce panir (un fromage frais de bufflonne qu’on trouve très souvent) baignant dans un curry délicat… Car l’Inde est aussi le pays des épices, avec lesquelles les cuisiniers jouent comme un peintre de ses couleurs. C’est parfois un peu relevé mais c’est toujours dans un équilibre étonnant et varié. Bref, vive la modestie !

Comme on est curieux, on a aussi tenté l’expérience des vins indiens. Les vignes poussent principalement dans l’Etat du Maharashtra, dans le centre-ouest du pays. Une cinquantaine de domaines, 3000 hectares environ, un secteur en croissance parce que la classe moyenne du pays a pris goût au divin nectar. Mais voilà… le terroir et surtout le climat ne sont pas idéaux. On a donc beau engager des œnologues français ou même le pseudo-pape Michel Rolland (présent à Grover), le résultat est plutôt décevant, d’autant que les prix, en comparaison avec le coût de la vie locale, sont exorbitants. Méfions-nous donc plutôt des Chinois dans ce domaine…

Dave