Deux Valaisans qui ont de l’ambition

En Suisse, on est parfois excessivement timides, discrets. Et, dans le domaine de la vigne, c’est d’autant plus vrai. A force de se moquer de nous-mêmes, on a perdu confiance dans nos terroirs, dans nos talents de vignerons, dans nos capacités d’œnologues. Alors, l’autre jour, en dégustant les crus du Clos de Tsampéhro, à Flanthey (VS), j’ai admiré l’ambition de cette équipe.

Quatre associés, trois du monde du vin et un de la finance, qui décident de monter un projet très haut de gamme, convaincant, comme on pourrait le faire ailleurs dans le monde vinicole. Qui rachètent les 33 parcelles d’un clos de Lens, parce qu’ils veulent faire un vin de clos, un vrai, avec des murs autour. Qui replantent des vignes, autour de cépages locaux en fonction des assemblages qu’ils veulent créer, parce qu’ils croient à l’alchimie des mariages. Qui se fabriquent une cave de luxe sans regarder à la dépense. Qui mettent de l’argent dans un habillage élégant. Au final, trois vins, trois seulement, pour garder le côté exclusif et simple, un blanc, un rouge, un effervescent, vendu entre 39 et 79 fr. Une belle énergie, un vrai discours et, surtout, l’affirmation que, nous aussi, on sait faire aussi bien qu’ailleurs.

De Flanthey à Sion, il n’y a que quelques kilomètres, le temps de s’arrêter dans le nouveau restaurant de Damien Germanier, ancien de De Courten ou de Rabaey, qui s’est donné les moyens de quitter son resto de Vétroz pour un bel espace à Sion. Là aussi, on sent l’ambition, sans fanfaronnade, juste basée sur un gros travail et un gros talent. L’homme est sympathique, et il a le sens de l’humour. Après sa blague télévisée sur les blancs vaudois qui avait déclenché l’ire de certains, il revisite le papet dans son plat principal «pour se faire pardonner». Avec cette cuisine intelligente et audacieuse, avec la gentillesse du service, avec ces prix raisonnables… on lui pardonne volontiers.

Dave